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Les Catacombes de Paris

Chacun peut visiter les Catacombes Officielles de Paris à Denfert-Rochereau. Mais elles ne sont qu'une petite partie des quelque 300 km de galeries qui courent sous la capitale francaise. Elles font partie de l'imaginaire Parisien, depuis 'La double vie de Théophraste Longuet' de Gaston Leroux, où le célèbre bandit Cartouche y trouvait refuge, jusqu'au plus récent (!) film de Pierre Tchernia avec Philippe Noiret, 'Les Gaspards'.

A mesure que Paris se construit, les besoins sans cesse croissants en matériaux de construction donnent naissance à des carrières d'abord à ciel ouvert mais très vite souterraines, de plus en plus éloignées du centre à mesure que les anciennes exploitations viennent à s'épuiser. Puis, au fil des siècles, et ce depuis l'occupation romaine, la ville en vient à recouvrir les vides laissés à l'abandon, faisant du sous-sol de la ville un gruyère que l'Inspection Générale des Carrières, fondée sous Louis XVI en 1777, se charge de recenser, surveiller et consolider au besoin.

A l'intérieur de Paris, on estime la superficie des zones exploitées en carrière à 3150 hectares environ, ce qui représente tout de même près de 40% de la surface totale de la ville. Ceci dit, les secteurs sous-minés (ceux où existent des vides laissés par les anciennes exploitations) ne représentent que 770 hectares, dont la totalité est composée des carrières de calcaire des Vème, VIème, XIIème, XIIIème, XIVème, XVème et XVIème arrondissements.

Les galeries d'inspection représentent environ 135 kilomètres, dont 91 sont situées sous les rues et 44 sous les jardins, bâtiments et généralement lieux publics. Ajoutons à cela les quelque 150 kilomètres de galeries situées sous les terrains privés, et on atteint alors un réseau total de près de 300 kilomètres. Ces galeries se divisent inégalement en quatre blocs principaux, à savoir celui du XIIème arrondissement (350 mètres), celui de Passy-Chaillot (7 kilomètres de galeries réparties entre un grand nombre d'exploitations non reliées entre elles),celui du XIIIème arrondissement (à l'est de la Bièvre, 25 kilomètres sous les rues et lieux publics), enfin le grand réseau sud des Vème, VIème, XIVème et XVèmearrondissements (100 kilomètres de galeries, parfois sur plusieurs étages superposés).

Les carrières de gypse, exploitées au nord et à l'est de Paris, couvraient 65 hectares dans les Xème, XVIIIème, XIXème et XXème arrondissements. Mais ces exploitations de pierre à plâtre ont une place à part de ce que l'on appelle communément 'catacombes de Paris', et qui désigne plutôt les vides laissés par les anciennes carrières de calcaire.

Un peu d'Histoire

L'origine des Catacombes de Paris ne remonte pas, comme celle des Catacombes de Rome, à une époque antérieure à l'ère chrétienne, mais à la fin du XVIIIème siècle.

Depuis près de dix siècles existait, à peu près à l'emplacement des Halles actuelles, un cimetière dit "des Innocents", qui, après avoir reçu les dépouilles des générations décédées dans 20 paroisses de la ville, était devenu un foyer d'infection des plus préjudiciables à la santé publique. En 1725, 1734 et 1737, dit Héricart de Thury, les habitants des quartiers voisins élevèrent de vives réclamations qui fixèrent l'attention du Parlement. MM. Hunault, Lemery et Geoffroy furent commis, par arrêt, mais ils proposèrent vainement des mesures. En 1746 et 1755, les plaintes se renouvelèrent et elles furent aussi infructueuses que les précédentes.

Enfin, en 1780, la généralité des habitants, effrayée des accidents qui eurent lieu dans les caves de plusieurs maisons de la rue de la Lingerie, par le voisinage d'une fosse commune ouverte vers la fin de 1779, et destinée à contenir plus de 2.000 corps, s'adressa au Lieutenant-général de police, en démontrant les dangers dont la salubrité publique était menacée par ce foyer de corruption dans lequel (portait la supplique) le nombre des corps déposés excédant toute mesure et ne pouvant se calculer, en avait exhaussé le sol de plus de huit pieds au-dessus des rues et des habitations voisines.

Mais ce ne fut que cinq ans après que le Conseil d'Etat, par son arrêt du 9 novembre 1785, prononça la suppression et l'évacuation du cimetière des Innocents.

M. Thirioux de Crosne, Lieutenant-général de police, ordonna alors à M. Guillaumot, Inspecteur Général des Carrières, de rechercher et de préparer un local convenable pour y déposer les ossements du grand charnier des Innocents et on choisit, à cet effet, les anciennes carrières souterraines de pierre à bâtir, situées sous la plaine de Mont-Souris, au lieu dit de la Tombe Issoire ou Isouard.

Après avoir mis les vides souterrains en état de recevoir les restes mortels provenant de l'ancien cimetière et exécuté les travaus confortatifs nécessaires, il fut procédé, le 7 avril 1786, par MM. les abbés Mottret, Maillet et Asseline, assistés de plusieurs autres ecclésiastiques, et en présence de M. l'Inspecteur Général Guillaumot et de MM. les Architectes Legrand et Molinos, à la consécration des Catacombes de la Tombe-Issoire, appelées à devenir l'Ossuaire général des Cimetières de Paris.

Le jour même de cette cérémonie, et aussitôt la consécration, on commença le transport des ossements du cimetière des Innocents aux Catacombes. Il dura quinze mois et se fit constamment au déclin du jour, dans des chars funéraires recouverts d'un drap mortuaire et suivis de prêtres en surplis, qui chantaient l'office des morts.

Après la destruction de l'église des Innocents et la conversion du cimetière en place publique, tous les tombeaux, les inscriptions et les croix qui ne furent point réclamés par les familles, furent également transportés à la Tombe-Issoire.

Le succès des opérations du cimetière des Innocents détermina l'Administration à étendre la mesure aux autres cimetières de Paris.

De 1787 à 1814, un certain nombre de cimetières parisiens furent ainsi supprimés.

Tous les ossements furent dirigés vers l'Ossuaire et là rangés systématiquement avec l'indication de leur provenance: Saint Eustache et Saint Etienne-des-Grès (mai 1787), Saint Landri et Saint Julien-des-Ménétriers (juin 1792), Sainte Croix-de-la-Bretonnerie (octobre 1793), Saint André-des-Arts (février 1794), Saint Jean-de-l'Hôtel-de-Ville (janvier 1804), Blancs-Manteaux (juin 1804), Saint Nicolas-des-Champs (août 1804), Saint Esprit-en-Grève et Saint Laurent (septembre 1804), Ile-Saint-Louis (septembre 1811), Saint Benoît (janvier 1813), Trinité (août 1813 et janvier 1814).

De nombreuses inhumations furent également faites dans l'Ossuaire, à la suite des combats livrés pendant la période révolutionnaire (28 et 29 août 1788, 28 avril 1789, 10 août 1792, massacres dans les prisons, journées de septembre 1792).

Depuis lors, tous les débris humains trouvés dans le sol de Paris ont été déposés dans les Catacombes. Leur transport est effectué par l'Administration des Pompes Funèbres, réquisitionnée à cet effet par les commissaires de police; les ossements sont reçus dans un terrain communal situé avenue du Parc de Montsouris, No 21 bis, et déversés dans un puits aboutissant à l'Ossuaire.

Tenue descente exigée

Si d'aventure il vous était donné de visiter physiquement "les catas", ces quelques petites recommandations ne vous seront peut-être pas inutiles.

Ce qu'on appelle improprement Catacombes est de toutes façons un univers hostile. C'est noir, froid, humide et on s'y perd facilement. Quelques précautions simples permettent toutefois de s'y sentir plus à l'aise, voire se tirer d'un mauvais pas.

C'est noir

Il faut donc apporter sa lumière avec soi, c'est essentiel. Une simple lampe de poche est un bon commencement. Les lampes torches krypton ayant fait leur temps, on trouve maintenant pléthore de lampes à led puissantes et bon marché, même si on pourra regretter leur lumière froide. Pour parer à une éventuelle panne de piles ou autre défaillance, oubliez les éléments de rechange, une seconde lampe chargée reste le plus sûr.

C'est froid

En fait, non. Entre 13 et 14 degrés toute l'année. Sans vent, ce qui donne une température somme toute très agréable pour la marche. Un simple tshirt, plus un bon sweat-shirt par là-dessus (que vous pourrez enlever à l'occasion), et vous devriez être toujours à l'aise.

C'est humide

Et même parfois inondé, ne comptez pas pouvoir éviter des passages dans 20cm d'eau, c'est un minimum. Une bonne paire de bottes de pêcheur était suffisante jusqu'à une époque encore récente, maintenant il faudra investir dans une paire de cuissardes (une trentaine d'euros chez Decathlon). A défaut, on pourra toujours se rabattre sur une vieille paire de baskets sacrifiées pour l'occasion, si on ne craint pas de se mouiller (jusqu'à mi-cuisse, en gros). Dans tous les cas, surtout pas de chaussures à talons, glissantes ou craignant l'humidité.

On s'y perd facilement

Avec près de 100km de galeries dans le plus grand réseau, dont beaucoup ne mènent nulle part, mieux vaut être extrêmement prudent. Si vous lisez ceci c'est sans doute que vous ne connaissez pas encore et que quelqu'un d'expérimenté va vous faire profiter d'une de ses expéditions. Ne perdez jamais de vue votre groupe et surtout votre guide, c'est essentiel. Si jamais vous vous retrouvez 'largué(e)', continuez jusqu'au prochain embranchement ou revenez au précédent, ou encore restez sur place, mais attendez que quelqu'un revienne vous chercher, votre guide sera le premier reconnaissant de ne pas avoir à vous chercher dans toutes les galeries du coin, voire pire...

L'équipement

Un sac à dos, à boire, à manger, une pièce d'identité pour le cas toujours possible d'une rencontre avec la maréchaussée. Quelques sacs poubelle sont toujours utiles, ne serait-ce que pour ranger les bottes ou les affaires mouillées dans le sac, et bien sûr remballer les détritus éventuels.

Respect des lieux

Encore une fois, le sac poubelle doit faire partie du sac à dos de chacun(e), pour y rembarquer canettes vides ou emballages divers, aucun service de la voirie municipale ne descendra pour nettoyer derrière vous. Côté clopes, plutôt que de balancer vos mégots n'importe où, jetez seulement par terre le bout consumé de la cigarette, mais glissez dans une de vos poches le filtre, c'est tout con mais ça change tout pour ceux qui passeront derrière vous. Enfin, oubliez les tags, ceux qui existent déjà sont suffisamment moches pour ne pas en rajouter une couche.

Tracts

Entre deux pierres le long d'un mur, dans une faille à la limite du ciel de carrière, on trouve de temps à autre une feuille repliée, presque cachée tout en restant visible pour un oeil exercé. Ceux qui en ont l'envie, le temps et l'inspiration préparent ces tracts lâchés au fil du réseau, dans l'espoir que quelqu'un les trouvera, mais pas trop vite, ni trop facilement...

Voici quelques exemples des miens:

Tracts des années 90
Tracts des années 2000
Presse

Cette page ou son auteur ont pu être référencés dans la presse. Quelques extraits...

Un article dans le Wall Street Journal online
Un article dans l'Actu
Une interview sur Radio Canada

Le 27 juin 2000, la RiffZone Cata a également eu la vedette du i-minute sur M6, une émission consacrée ce jour-là aux souterrains de Paris.

Album

Pour finir, les inévitables galeries de photos !

Quelques vieux clichés argentiques
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